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Nouvelles du Projet EL AMANECER (juin 2024)

Auberge transitoire pour filles victimes de violences

 

Ce projet d’EDYFU, notre partenaire bolivien est soutenu en partie depuis un an par El Amanecer avec le renouvellement de l’aide financière de l’association « Vie d’Enfants », Belgique.

 

Actuellement, 16 filles sont hébergées et suivies par des éducatrices et une psychologue à temps partiel. L’accueil, l’hébergement et le fonctionnement sont assurés 7 jours sur 7, 24 h sur 24 h. L’auberge, dans un bâtiment rénové, dispose de 4 chambres à 4 lits, de lavabos et douches. Une chambre est dédiée à l’éducatrice qui loge sur place. Les filles hébergées mangent 3 fois par jour à la cantine du Centre. Souvent, une volontaire est présente pour les aider et pour organiser leurs vies d’études et de loisirs.

 

el alamanecerLes volontaires féminines sont présentes dans la vie quotidienne des filles et peuvent superviser la douche, le coucher ou d’autres moments de la journée. Les volontaires masculins ne peuvent pas entrer dans l’auberge, mais cela ne les empêche pas d’organiser des activités pour les filles ! Ainsi ont lieu diverses sorties dans la ville, un concours cuisine, une chasse aux œufs de Pâques, etc. L’aide des volontaires est également réquisitionnée pour aider les filles dans leur scolarité. En effet, les éducatrices attachent une importance particulière à encourager les filles dans leurs devoirs et leur travail scolaire en général. En arrivant à l’auberge, il n’est pas rare qu’une fille soit en décrochage scolaire ou en situation de retard d’apprentissage. Il est donc primordial de revaloriser l’éducation aux yeux des filles, afin qu’elles restent motivées à aller à l’école. Divers ateliers sont également organisés par les éducatrices pour sensibiliser et éduquer les filles au sujet de l’hygiène, par exemple.

 

 

Témoignage d’un étudiant belge en psychologie clinique

 

Sous la supervision de l’université de Mons, j’ai décidé d’effectuer mon stage de dernière année de psychologie clinique en Bolivie.

 

Après de nombreux mails envoyés aux quatre coins du pays, c’est un charmant Conny Decaluwé qui m’accepta pour intégrer l’équipe d’Edyfu.

 

Cela fait donc 3 mois que je gère le poste de psychologue clinicien. Ce rôle implique d’être particulièrement à l’écoute et pas seulement lors des sessions privées. En effet, que ce soit lors d’un jeu ou d’un repas, il arrive que les filles viennent se confier. Il est donc important de se montrer disponible même lors de ces moments inattendus.

 

Être psychologue implique aussi de pouvoir s’adapter à la culture et aux contextes (éducatif par exemple) qui régissent la Bolivie. Je suis également amené à réaliser des tests projectifs ou d’intelligence et à rédiger des rapports. Ces éléments sont ainsi tous formateurs d’une manière ou d’une autre et me permettent de penser à mon futur professionnel avec confiance.

 

Bien que ce côté sérieux soit indispensable, je ne peux pas continuer sans vous parler des moments de rire et de bonheur. Je pense notamment au jeu réalisé pour Pâques. Il est parfois nécessaire de motiver les troupes, mais une fois lancées, les filles participent aux activités avec beaucoup de plaisir. Avant de quitter ce beau petit monde, je compte réaliser d’autres ateliers comme de la relaxation ou de la cuisine.

 

L’ambiance agréable entre le personnel d’Edyfu et les volontaires permet de construire de vrais liens. De là, s’établissent de la confiance et du soutien. Aussi lors de cas plus délicats, il est rassurant de pouvoir échanger avec des professionnels habitués aux situations de l’auberge.

 

Finalement, il est gratifiant d’être acteur du développement de ces enfants. On leur laisse des « outils » pour affronter au mieux les épreuves de la vie. Cette aventure touchant bientôt à sa fin, je ne peux être qu’heureux d’avoir construit une partie de mon histoire personnelle et professionnelle avec ces merveilleuses personnes.

 

Sathya

 

Témoignage d’une étudiante belge volontaire 

 

C’est l’histoire de Danaé (appelons là comme ça) que j’aimerais vous raconter aujourd’hui. Quand je rentre dans ce réfectoire, je les aperçois toutes en cercle. Je me joins alors à elles et les observe toutes une à une. Je vois tout d’abord Érika, la plus petite de l’auberge mais aussi celle qui déborde le plus d’énergie. J’observe ensuite Ruth, qui malgré sa timidité, sait faire entendre sa douce voix. Mon regard se pose enfin sur Danaé.

 

Danaé est rayonnante, a toujours le sourire aux lèvres ; mais ce soir-là, ce jeudi, 3 novembre, à 19h36, c’était différent. Je l’ai tout de suite remarqué, quelque chose n’allait pas pour elle ce soir. Alors après la chorale, je suis allée la voir pour lui demander si elle aimerait me parler de quelque chose. Elle répondit avec un petit acquiescement.

 

Une fois mises à l’écart, elle me raconte combien elle perd petit à petit le goût à la vie et me fait état de sa solitude. Elle m’explique aussi comment ça se passe à l’école, avec les amies, la famille. Je me rends vite compte que tout ce dont elle avait besoin ce soir, c’était une oreille pour l’écouter, un regard pour la voir, une présence pour l’accompagner…

 

Alors après l’avoir écoutée pendant une bonne demi-heure je lui ai parlé de l’aide professionnelle que la psychologue du centre pourrait lui apporter. Elle n’avait pas l’air emportée donc je n’ai pas plus insisté. Après cette discussion, j’ai beaucoup réfléchi à ce que je pouvais faire pour l’aider. J’ai donc décidé d’en parler à la psychologue (avec son accord) car du haut de mes 18 ans et en tant que volontaire, je ne peux pas faire beaucoup plus qu’être à son écoute et enfin écrire un témoignage à son égard.

 

Hortense

 

Témoignage d’une volontaire belge, récemment licenciée en logopédie

 

Arrivée il y a bientôt 7 mois à Tarija, je m’y sens désormais tout à fait chez moi. Une routine s’est installée : séances de logopédie pendant la journée pour les enfants, que je vois de manière individuelle après avoir fait le bilan et consulté les professeurs d’appui scolaire à propos de leurs difficultés ; il y a en effet plusieurs enfants ayant des problèmes d’apprentissage qu’il faut aider. Je forme aussi une stagiaire pour continuer ce programme.

 

Cela me prend beaucoup de temps mais il y a aussi la chorale avec les filles de l’Auberge le jeudi soir.

 

Nous avons commencé à chanter dès mon arrivée ; j’étais alors accompagnée d’Hortense, une autre volontaire. Motivée par ma longue expérience de chorale en Belgique, je leur ai appris les chants avec lesquels j’avais moi-même commencé à chanter, puis des mélodies espagnoles et africaines.

 

Il n’est pas toujours facile d’avoir la concentration des filles, qui sont fatiguées en fin de journée. Mais malgré cela, l’effet de groupe les tire vers le haut, et la chorale donne de mieux en mieux !

 

Ce sont des moments que j’apprécie beaucoup, car ils me permettent de partager ma passion avec les filles, et d’apprendre à mieux les connaitre. Nous partageons aussi des moments de qualité lorsque nous organisons des activités le week-end, ou simplement lors du repas de midi. Elles sont toutes très attachantes, et il y a une belle interaction entre les petites et les plus grandes. Comme disait Maria, une des filles, « on est comme une grande famille ! ».

 

Alix