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Extraits d’une lettre à sa marraine
Je vais vous raconter comment s’est déroulée mon expérience de service prémilitaire. Je l’ai fait en 2019, l’année même où j’étais au lycée, lorsque j’ai obtenu mon diplôme de secondaire. En 2018, je suis allé m’inscrire à la caserne afin d’avoir mon livret militaire. Je devais avoir plus de 60 % de moyenne scolaire, être en parfaite santé, ne pas avoir de lésions cérébrales, ne pas avoir d’os cassés, ne pas avoir une mauvaise vue…
Ils nous ont fait passer un test physique dans la caserne : courir autour d’un terrain de football une dizaine de tours en moins de 15 minutes, faire plus de 50 pompes, plus de 50 abdominaux.
J’ai passé tous les tests et toutes les exigences qu’ils demandaient. Fin novembre 2018, j’ai coupé mes cheveux ; j’étais chauve. J’ai commencé à aller à la caserne tous les samedis ; je me réveillais à 6 heures. Je préparais toujours du riz avec du poulet frit parce que c’était la chose la plus facile et la plus rapide à cuisiner ; pendant que le poulet cuisait, je me changeais, je m’habillais, je mettais mon uniforme et je cirais mes bottes, puis je prenais un transport public qui me laissait près de la caserne ; à 6h50, j’étais déjà à la porte de la caserne pour entrer avec tous les prémilitaires. Nous entrions en chantant … dans la cour d’honneur ; c’est un très grand espace où nous étions tous en rangs, militaires, soldats et prémilitaires pour chanter l’hymne national et saluer le drapeau. Puis nous nous présentions au major et au lieutenant-colonel ; se présenter, c’était comme lui raconter tout ce qui s’était passé dans la caserne.
Après cela, nous commencions la journée avec des exercices d’échauffement, puis des exercices de force jusqu’à 10h00, puis repos pendant 10 minutes, puis tout le théorique. Ils nous apprenaient à chanter les hymnes de la caserne, à parler à chaque instructeur militaire selon son grade, puis ils nous enseignaient les techniques de combat sur le champ de bataille et tout ce qu’ils nous enseignaient, nous devions l’apprendre le jour même par cœur ; si nous ne le savions pas par cœur nous étions punis. A 13h, tous allaient manger et moi, j’allais manger mon poulet frit. D’autres prémilitaires achetaient le déjeuner parce qu’à l’intérieur de la caserne, il y avait deux magasins avec leur salle à manger, mais je n’avais pas envie de leurs repas parce que j’aimais le poulet frit que j’avais préparé avec amour, mais certains de mes amis connaissaient ma situation économique et m’invitaient à boire leur assiette de soupe parce que parfois ils ne la mangeaient pas ; ils n’appréciaient pas leur nourriture, ils ne mangeaient que le plat principal et leur viande. S’il y avait des restes, ils les jetaient. Après le déjeuner, à 14h00, nous retournions tous dans la cour d’honneur pour nous présenter au lieutenant-colonel et au major, après cela nous faisions des marches car il y avait toujours une activité à laquelle nous devions participer dans le département de Tarija.
Nous révisions également nos techniques de combat, nos chansons et notre examen oral. Quand il était déjà 16h00, tous les prémilitaires devaient nettoyer toute la caserne d’un coin à l’autre, y compris les salles d’eau. Nous utilisions des machettes, des pelles, des pioches, des sacs poubelles et nous devions laisser la caserne propre sans même une feuille sur le sol ; s’il y avait quelque chose par terre, nous devions nettoyer ou nous étions punis ou, le jour suivant, nous devions retourner à la caserne. Quand il était déjà 18 heures, tous les prémilitaires se rangeaient dans la cour d’honneur et se présentaient au major et au lieutenant-colonel. Puis nous pouvions quitter la caserne en chantant et en marchant pour rentrer chez nous.
En décembre 2018 pendant les vacances d’été, je n’ai pas eu de vacances car, à cette époque, j’ai commencé à aller tous les jours à la caserne et c’est là que j’ai eu mon premier camp. Cela consistait à envoyer tous les prémilitaires dans un endroit éloigné dans un champ pendant deux semaines où nous devions installer notre abri. Seulement trois prémilitaires pouvaient dormir ensemble dans l’abri et accessoirement nous devions le camoufler pour que les autres prémilitaires d’une autre caserne ne nous attaquent pas. Pendant ces deux semaines, nous avons dû nous préparer et démontrer toutes les connaissances que nous avions apprises. Tous les prémilitaires se sont divisés en groupes pour faire une présentation différente aux juges qui nous notaient.
Les juges étaient des militaires d’un rang et d’une position plus élevés, et nous avons démontré tout ce que nous savions, marches, chants, théorie générale, techniques de combat, techniques de santé, techniques d’utilisation des armes et de restauration des armes et test de visée avec l’arme. A la fin nous avons gagné devant les autres casernes pour la meilleure présentation. Dans mon département Tarija, il y a trois casernes qui sont le Chorolque, le Gada qui est l’armée de l’air et celle où je suis qui s’appelle RI-20 Padilla qui est responsable de la lutte au corps à corps avec l’ennemi sur le champ de bataille . Après avoir fini mon camp je suis retourné en classe ; c’était déjà 2019, ma dernière année à l’école secondaire et je suis retourné à la caserne seulement le samedi, jusqu’à ce que les vacances d’hiver commencent. Nous avons à nouveau fait un camp. Ils nous ont emmenés dans un endroit éloigné, à la campagne, mais, cette fois, c’était un camp de survie. A nouveau, nous avons fait la même chose : nous avons installé notre abri et nous avons appliqué nos connaissances pour survivre et donner une bonne présentation de comment nous survivions ; nous avons présenté aux juges comment obtenir de l’eau dans un désert ou en pleine mer ou dans une autre situation. Nous avons aussi présenté des pièges, comment chasser des animaux, comment poser des pièges pour l’ennemi, comment cuisiner, comment obtenir du feu, et comment utiliser des techniques de combat avec l’ennemi, chansons, marches, théorie générale etc… A la fin nous avons gagné à nouveau devant les autres casernes.
Ensuite, quand j’ai terminé mon camp, je suis retourné à l’école et j’ai recommencé à aller tous les samedis à la caserne ; à la fin du mois de novembre 2019, j’ai obtenu mon diplôme de la caserne et à la fin du mois de décembre, j’ai obtenu mon diplôme de l’école Juan XXIII, mais ces deux dates importantes, je les ai passées comme si c’était un jour normal parce qu’il n’y avait pas d’économie pour faire un dîner avec ma famille, mes oncles et mes amis, et aussi parce qu’ils étaient tous occupés à travailler, alors que je ne faisais rien.
Je me suis promené, j’ai escaladé une montagne en pensant à ce que j’allais faire dorénavant. J’ai passé des heures à réfléchir, jusqu’à ce que je n’aie plus de questions à me poser, des questions auxquelles je ne savais même pas quoi répondre. Alors, j’ai été encouragé à continuer et l’une des choses qui m’a motivée était de ne pas décevoir mes parents et d’être un bon exemple pour mes neveux et nièces et je pensais aussi qu’un jour je viendrai vous rencontrer en personne pour vous remercier de m’avoir soutenu dans mes études.
Actuellement, j’étudie le droit à l’université privée Domingo Savio. C’est ma première année d’université. J’ai pris la décision d’entrer dans une université privée pour pouvoir étudier à temps partiel et consacrer l’autre mi-temps à travailler… Avec mon travail je peux couvrir mes dépenses financières ; je passe des cours virtuels la nuit et, pendant la journée, je travaille dans un magasin. En ce moment, je vais bien ; j’arrive à tout gérer. J’essaie de travailler dur pour atteindre mon objectif. J’ai aussi le rêve de pouvoir un jour aller vous rencontrer personnellement. C’est pourquoi j’économise un peu d’argent. Si j’ai l’occasion de voyager, j’irai sans réfléchir…
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