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Edit 21-3-2020 : L’élection présidentielle a été reportée à cause de la crise sanitaire du Coronavirus
Evo Morales est arrivé au pouvoir en 2006 en soulevant beaucoup d’espoir car il représentait à la fois les indigènes, le monde rural et la gauche ouvrière. Mais après 14 ans d’un règne de plus en plus contestable et contesté 1 et une 4ème élection à la fois illégale et frauduleuse 2 , la majorité des boliviens, excédés, l’ont obligé à démissionner en bloquant complètement le pays pendant 3 semaines. Après sa démission et son départ d’abord au Mexique et ensuite en Argentine, c’est la présidente du Sénat, la libérale Jeanine Añez, qui l’a remplacé à la présidence, comme cela est prévu dans la constitution. En attendant les prochaines élections présidentielles qui auront lieu ce 3 mai.
La démission d’Evo Morales en novembre 2019 a fait couler beaucoup d’encre car elle s’inscrit dans un contexte géopolitique beaucoup plus large qui oppose en un bras de fer permanent le socialisme sud-américain du Vénézuela, du Nicaragua, du Mexique et de l’Argentine aux pays actuellement bien encrés à droite que sont la Colombie, le Brésil, le Pérou, l’Equateur et le Paraguay. Dans ces circonstances, la gauche internationale essaye d’imposer l’idée qu’Evo Morales aurait été victime d’un coup d’état, mais ce discours irrite fortement la majorité de la population bolivienne qui est extrêmement fière et contente d’avoir fait fuir l’ancien président.
L’héritage de l’ère Morales est lui aussi sujet de controverses. On lui attribue généralement une certaine réduction de la pauvreté et la stabilité sociale et économique de la Bolivie entre 2006 et 2014. Mais on lui reproche son culte de la personnalité, son discours de haine vis-à-vis de la classe moyenne et du secteur privé, son désintérêt pour l’éducation et pour la santé, un faux discours environnementaliste destiné aux pays occidentaux et l’omniprésence du narco trafique et de la corruption dans les plus hautes sphères de l’Etat.
Aujourd’hui Evo Morales vit à Buenos Aires. Il a demandé l’asile politique au nouveau président d’Argentine, le socialiste Alberto Fernandez. Il ne peut plus se présenter aux élections boliviennes et de nombreux procès ont été ouverts à son encontre en Bolivie pour des faits allant de la corruption au terrorisme d’état en passant par le narco trafic. Mais son parti politique le MAS garde une aura importante en Bolivie, principalement dans les campagnes, avec environ 30 % d’intentions de vote pour son candidat Luis Arce, selon les derniers sondages.
L’opposition peut donc se targuer d’avoir aujourd’hui 70 % des intentions de vote en sa faveur, mais ces 70 % sont fragmentés entre 6 candidats anti-MAS dont l’actuelle présidente intérimaire Jeanine Añez. Les analystes anticipent donc une possible victoire du MAS au 1er tour des prochaines élections et ensuite une victoire de l’opposition au second tour (le 14 juin).
Texte de Vincent Danhier – 7-3-2020
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